Hier, le FAI (Fournisseur d’accès Internet) français Free, en mettant à jour sa box, a activé par défaut un filtrage publicitaire empêchant l’affichage des publicités de plusieurs réseaux d’annonceurs, notamment ceux de Google, et ce sur l’ensemble des appareils connectés à la box (PC, mobiles, tablettes).
Sans débattre sur le bien fondé démocratique ou sur le respect de la neutralité d’internet, ce que des journaux tels que Numerama ou encore Le Monde se sont déjà chargés de faire, nous nous sommes penchés sur deux points potentiellement inquiétants pour nos clients.
Free bloque le réseau AdWords/Adsense de Google
Le premier problème est le blocage par Free des réseaux publicitaires de Google. En première ligne, nous retrouvons les réseaux Adwords et Adsense, dont les publicités sont bloquées. Mais les publicités vidéos de Youtube sont aussi bloquées (vidéos sponsorisées). C’est tout le réseau d’annonces de Google qui se retrouve mis à mal chez les abonnés Free.
Quelles conséquences pour les annonceurs?
Les annonceurs sont donc coupés automatiquement des abonnés Free qui ont mis à jour leur box, et qui dans leur grande majorité ne savent même pas que cette « option » est désactivable (comme nous l’indique MacGénération) : Vous pouvez désactiver le blocage des publicités dans les réglages de la Freebox, rubrique « Connexion Internet » puis « Configuration » et « Blocage de la publicité ».
Les abonnés Free? La bagatelle de 5,3 millions d’abonnés (.pdf). Ce qui représente donc un nombre encore plus important d’internautes touchés puisqu’en général un foyer abonné compte plusieurs internautes.
Quelles alternatives?
Fleur Pellerin, en charge de l’économie numérique au gouvernement, recevra Free et des représentants d’éditeurs au plus tôt pour trouver une solution viable. Mais si Free persistait dans son blocage, quelles alternatives seraient possibles?
- ne plus baser son business modèle sur une seule régie publicitaire, et donc choisir des régies publicitaires variées en vue de couvrir tous les FAI. Problème, la régie de Google est de loin l’une des plus efficaces et accessibles actuellement. Et le temps que des solutions aussi complètes se mettent en place, beaucoup en souffriront. En outre, les frais de gestions de campagnes s’en trouveraient multipliés.
- varier ses sources de revenus : plus facile à dire qu’à faire. Quel internaute, qui fréquente en moyenne une dizaine de sites par jour, voudra s’abonner à chacun d’eux pour pouvoir accéder à ses contenus?
- la licence globale : établir une sorte de redevance pour les sites dépendants de la publicité, comme la redevance TV?
Mais dans ce dernier cas, qui déterminerait le revenu de chaque site? Comment serait-il mesuré? L’Etat aurait donc droit de choisir les sites bénéficiaires? Quid des visiteurs étrangers ou d’autres FAI?
D’ailleurs, cette question de la mesure des visites se pose également, en effet …
Free bloque également le script Google Analytics
Free va donc plus loin que le simple blocage publicitaire, et attaque donc Google de front en bloquant également le script ga.js servant au fonctionnement de Google Analytics.
Les conséquences? Les sites utilisant l’outil de mesure de Google se retrouvent privés des informations sur les visites de freenautes. Toutes les statistiques sont donc faussées. Ces outils d’analyse servant également aux éditeurs de sites internet à améliorer la pertinence et la qualité de leur contenu, nous pensons que Free va beaucoup trop loin et applique là une mesure qui va à l’encontre de la qualité de navigation de ses abonnés.
En attendant les réponses de Free, et la réaction de Google, nous nous sommes intéressés à des solutions alternatives.
Les alternatives à Google Analytics
Piwik, relativement complet est une des solutions gratuites les plus attrayantes. Forte d’une communauté active, elle est aussi une des solutions les plus facilement personnalisables.
Open Web Analytics se présente comme une des copies les plus fidèles de Google Analytics, visuellement comme ergonomiquement. En outre, cet outil possède une fonction « heat map », permettant de traquer les mouvements de souris des internautes sur le site, ainsi qu’un tracking des conversions.
Quelles sont les limites de ces outils?
- Ils sont moins puissants que Google Analytics : ils ne traquent pas ou mesurent mal le taux de rebonds et le temps passé sur les pages.
- Rien ne garantit que Free ne bloquera pas à l’avenir d’autres solutions de tracking.
Mais par dessus tout : - La mise en place de liaisons faciles, rapides et cohérentes entre les différents produits Google, avec un seul identifiant, n’est plus possible ! Fini la configuration aisée et le riche partage d’informations de Google Analytics / Maps (Adresses) / Webmaster Tools /Adwords…
Pour en savoir plus :
Top 10 des alternatives à Google Analytics en 2013 : https://www.unpeudeseo.com/2012/12/26/top-10-alternatives-google-analytics-2013/
Les derniers tweets sur le désormais nommé #AdGate : https://twitter.com/search?q=%23AdGate&src=hash