Chefs d’entreprise, webmasters, nous avons tous reçu un jour ou l’autre un courrier nous demandant de renouveler tel ou tel service, que nous ne nous souvenons pas avoir souscrit, ou une facture étrange dont on ne sait pas si c’est une arnaque ou un service réellement souscrit. Les pièges sont nombreux et parfois plutôt bien dissimulés.
Phishing
Le phishing, ou hameçonnage (ou encore filoutage selon nos énarques) est une technique de fraude qui réside dans une usurpation d’identité : le fraudeur se fait passer pour un tiers de confiance (l’Assurance Maladie, la CAF, les impôts, la banque ou encore son fournisseur d’accès internet) en en reprenant les codes graphiques, soit par e-mail ou encore sur des sites internet falsifiés. Le but est bien entendu de récupérer des informations personnelles ou bancaires qui seront ensuite monétisées dans des réseaux criminels.
Dorénavant, les moteurs de recherche, les navigateurs internet, les services de messagerie en ligne ont mis en place des alertes visant à prévenir l’utilisateur du danger lors d’une visite d’un site soupçonné de phishing. Fonctionnant sur la méthode croisée d’une liste de confiance et d’une liste noire de site signalés comme contrefaits, certains sites frauduleux passent toutefois encore à travers les mailles de ce filet.
Il reste donc capital de faire attention à l’URL (adresse internet) affichée par votre navigateur afin de vous assurer d’être sur le bon site avant de fournir des informations personnelles en ligne.
Factures douteuses
Entre 2006 et 2008, l’affaire Domain Registry Of America fait grand bruit sur internet. Des centaines voire des milliers d’internautes français, possesseurs d’un ou plusieurs nom de domaine, on fait les frais d’un système de facturation douteux.
L’organisme, qui sous ses airs officiels de service américain, envoyait des publicités postales, en anglais, proposant de renouveler les noms de domaines possédés par la victime. Présenté sous forme de facture, ce courrier, une fois signé, autorise le transfert du nom de domaine vers cette entreprise aux pratiques douteuses, qui facturera ses services au tarif fort.
Le titulaire du nom de domaine perd ainsi les bénéfices des tarifs et les services du prestataire à qui il avait confié l’enregistrement de son nom de domaine au profit d’une société dont le fonds de commerce semble reposer sur des pratiques commerciales malhonnêtes.

On pourrait penser que cette pratique, désormais connue sous le terme de slamming, aurait perdu de sa vigueur après avoir fait l’objet de dizaines d’articles et de lettres d’informations en ligne. Mais il n’en est rien.
Notre jeune société à reçu récemment un courrier d’Inforegistre se présentant comme une facture, de 215,28 (TTC) se déclarant comme l’information sur les entreprises du registre du commerce et des sociétés. A la première vue du courrier, nous sommes en droit de nous demander quelle est cette facture, quels sont ces frais cachés inhérents à la création d’entreprise.
Or ce courrier est un courrier publicitaire visant à faire souscrire à une offre de diffusion publicitaire de ses coordonnées professionnelles.
Toutes les composantes de la tromperie sont réunies :
- le document reçu se présente comme une facture, avec un montant à payer indiqué en rouge dès le début et ne ressemble pas du tout à une publicité.
- le courrier est à retourner sous huit jours : pourquoi donc si c’est une publicité? Tout porte à penser que c’est une facture !
- le nom de cette société ressemble à celui d’Infogreffe, site d’information légales et service public.
- le logo ressemble à celui de societe.com, site d’information sur les sociétés, dont la présence dans leur base de donnée est gratuite.
- il n’est mentionné nulle part que ce courrier est une publicité. Il est juste indiqué en petit caractère en bas de page que c’est une offre facultative.
- les conditions générales de vente stipulent que l’abonnement annuel est renouvelé automatiquement […] par tacite reconduction
S’il est bien précisé dans les conditions générales de vente que ce service est optionnel, ne revêt aucun caractère officiel et est destiné uniquement à un but publicitaire, l’agencement de cette publicité en facture, la reprise des codes graphiques et nominaux d’autre marques connues dans le but de profiter de leur notoriété pour inspirer confiance s’apparente plus à une arnaque qu’à une simple publicité. Malgré le fait que cette publicité soit légale, les informations permettant d’identifier ce papier comme une offre plutôt qu’une facture ne sont pas suffisamment mises en avant pour ne pas créer volontairement le doute chez le destinataire.
La question qui se pose : combien ce genre de sociétés ont de clients qui ont vraiment voulu souscrire à leur offre et combien de clients se sont juste fait « avoir » ?
Précautions à prendre :
On ne le répètera jamais assez, certaines précautions sont à prendre si l’on ne veut pas faire partie des victimes de ces pratiques frauduleuses ou jouant sur la limite de la légalité :
- il faut lire les conditions de vente attentivement
- ne pas hésiter à demander autour de soi si quelqu’un a eu affaire à l’annonceur douteux
- se renseigner également sur internet : les arnaques les plus connues y sont très souvent répertoriées
- et en règle générale : le jamais transmettre d’information personnelles ou bancaires à des tiers sans s’assurer de la confiance que l’on peut leur porter.